
Antsiranana, ma couleur, mes couleurs
Tania Gombert
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J’ai toujours pris plaisir à écrire le nom de ma ville de naissance : Antsiranana. Bien que la prononciation et l’orthographe soient difficiles, cette ville est souvent méconnue. Je pourrais simplement utiliser l’appellation « Diego Suarez », qui est une alternative plus facile, mais cela serait moins amusant et susciterait moins de questions.
Je suis née à Antsiranana, une ville située à l’extrême nord de Madagascar, où j’ai passé mes cinq premières années. Les rares souvenirs que j’ai de cette période sont dans mon esprit en noir et blanc avec une teinte jaune, comme de vieilles photos. Peut-être est-ce dû au fait que les rares photos de ma petite enfance sont ainsi, je suppose.
Je me souviens surtout des odeurs sucrées, du goût du bonbons anglais, boisson locale, ainsi que des sentiments d’immense joie, de peur, de tristesse et de contrariété. Je me rappelle également les questions existentielles qui me traversaient l’esprit : pourquoi la lune est-elle si grosse ? Pourquoi la terre est-elle rouge ? C’est quoi cette petite grosse bête ?
Je suis née dans une petite maison en tôle, seule avec ma mère, sans pleurs ni douleurs, du moins c’est ce qu’on m’a raconté.
Il m’a fallu trente ans pour retourner dans ma ville de naissance. Bien que je n’aie pas revu ma maison en tôle, j’ai reconnu le portail derrière lequel se trouvait la maison où j’ai grandi. En le voyant, j’ai revécu les moments où j’y jouais et évoluais en sécurité, protégée. Les images qui me viennent à l’esprit sont toujours en jaune et blanc. J’ai alors réalisé la chance que j’avais eue d’évoluer ainsi en toute sérénité, malgré les nombreuses batailles et le travail que cela avait nécessité. Malheureusement, ce n’est pas le cas pour de nombreux enfants sur place. « Personne ne joue avec les mêmes cartes. » Je me suis alors posé des questions existentielles sur ce que serait ma vie si j’étais restée.
Ce retour à ma ville de naissance m’a permis de redécouvrir les couleurs de ma ville. C’était comme régler mon téléviseur sur « contraste maximum ». Le vert était encore plus vert, le bleu plus intense et la terre rouge tellement rouge. Il y avait tellement de nuances de couleurs. Ces couleurs intenses, mais apaisantes, combinées à une conception différente du temps m’ont offert une expérience hors du temps. Jusqu’à aujourd’hui, ma ville de naissance reste ma plus belle destination.
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